Le sacre du printemps ?
Depuis quelque temps déjà, les températures relativement douces font sortir nos chères abeilles de leur léthargie hivernale, bien que nous soyons toujours officiellement en hiver.
La végétation est en plein essor et l'on peut constater une certaine précocité.
Les amandiers sont en pleine fleur et sont visités sans retenue par nos abeilles. La fausse-roquette blanchit les rangs de vigne,(attention, c'est aussi la période du désherbage) le laurier-tin est tout fleuri dans certains coins,ou sur le point de l’être. D'autres fleurs participent aussi à la production de pollen ou nectar nécessaires au bon démarrage de nos colonies.
Les premières asperges sont même sorties.....
Pour certains, la visite des ruches est déjà faite.
D'autres n'ont pas encore osé ou n'ont pas pu pour différentes raisons.
Mais pourquoi ne pas faire une pré-visite.
Pourquoi une pré-visite et c'est quoi ? La pré-visite permet de reprendre contact avec la colonie sans trop la déranger. Elle se bornera, par un bel après-midi ensoleillé et sans trop de vent à ouvrir la ruche et à retirer le couvre-cadre uniquement. La pré-visite doit être rapide. La température extérieure est relativement douce et permettra aux abeilles qui seraient sorties de regagner leur nid sans se faire surprendre par le froid. On ne sortira pas les cadres. Il ne faut surtout pas en cette période refroidir le couvain en plein développement, ce qui occasionnerait un surplus de travail aux nourrices pour re-réchauffer leur progéniture. Le travail est suffisant car les nuits sont encore froides et le couvain doit être maintenu à bonne température. Un autre risque lié au refroidissement de couvain et peut être à son abandon partiel, est l'apparition de maladies sur des larves abandonnées..
On constatera d'une part si la colonie est toujours vivante et active, s'il y a un démarrage de ponte ou si celle-ci est déjà bien avancée, Le nombre de ruelles occupées par les abeilles jeunes est un signe révélateur. On pourra trouver des ruches avec grosse population et des cadres "blanchissants", prêtes à faire une miellée de romarin par exemple. Poser la hausse aussitôt.
Qui dit développement dit consommation. Vérifier s'il y a suffisamment de provisions à disposition de la colonie sinon nourrir solide. C'est une bonne précaution de leur apporter du candi. Les besoins sont important en nourriture en cette période. Même s'il y a du miel en réserve, elles prendront ce qu'elles voudront et aucune crainte, le miel qui se trouve dans le corps sera consommé tôt ou tard. En cas de refroidissement et si les abeilles ne peuvent pas sortir, elles auront les provisions à portée sur la tête.
En cette période-ci le nourrissement au sirop est un nourrissement spéculatif qui va accroître la population en vue d'une miellée bien ciblée. Si celle-ci est généreuse, il n'y aura pas de problème. S'il fait mauvais temps ou si la miellée est défectueuse, attention aux dégâts ! Ce nourrissement peut etre fait aussi en vue de la confection d'essaims, mais c'est une autre chose.
Notre région méditerranéenne, au climat doux n'est pas à l'abri d'un refroidissement. Rappelons nous l'année passée et la période de mauvais temps du printemps. Après une période froide et pluvieuse, on avait écrit "Ca va exposer" et ce fut le cas.
Le pollen ne doit pas manquer. Les rentrées doivent être abondantes. Cela conditionne le futur bon état sanitaire de la colonie. En cas de manque ou si les conditions météo se détériorent, il faudra compenser en apportant de la pâte protéinée.
En bon apiculteur, on notera les observations sur un calepin, une fiche ou autre, ce qui permettra de comparer lors de la vraie visite de printemps. C'est la comparaison avec une autre visite qui renseignera sur la vitalité de la colonie. On a tous bonne mémoire mais se rappeler que la ruche sans N° entre la N°23 et la N°12 semble orpheline alors que la N° 24 N°11 et N° 13 doivent être nourries etc etc... cela devient du sport cérébral de haut niveau.
Cette pré-visite permettra donc d'avoir une bonne estimation de l'état global de ses colonies ou des ruchers.
Elle donnera déjà une petite idée sur les travaux à envisager, de connaitre quelles ruches peuvent potentiellement etre réservées pour tel ou tel objectif.
L'apiculteur qui avait prévu de faire une récolte de romarin et qui trouve ses ruches aujourd'hui avec 3 cadres de couvain devra changer ses plans.
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Le développement des populations est tributaire de nombreux facteurs: conditions climatiques, environnement, état sanitaire ... dont un très important: la race.
On voit aujourd'hui un panel de race ou races métissées sur le territoire parce que l'apiculteur a choisi d'acheter la race qui devrait "bien aller" pour maintes raisons. Il choisit souvent par exemple une race très douce parce qu'il est agréable de travailler avec des abeilles douces, on peut en convenir. Ce caractère sera réel la première année. Il se modifiera avec le temps et la colonie deviendra, la plus part du temps, agressive lors du renouvellement de reine. On obtiendra ainsi, souvent, l'inverse du but recherché. Il en va de même pour les autres caractères: précocité de ponte, résistance et adaptation au froid ou vent, gestion des réserves, adaptation aux variations climatiques ...
Est-ce que l'apiculteur à pensé si l'abeille était bien adaptée à l'environnement qu'il lui propose? Qu'une abeille caucasienne soit installée en montagne peut se comprendre mais qu'on la positionne sur la colline qui domine Bouzigues, laisse pantois. Connaitre la courbe de dévellopement permettra d'éviter l'erreur d'avoir le pic maximum de couvain en juillet alors que l'on arrive au moment ou la garrigue est sèche et grillée par la chaleur. Ou alors, il faut transhumer.
Par ces choix de races, on est en train de vouloir faire danser la sardane à Varsovie, la bourrée à Liverpool et le Sirtaki à St Etienne d'Estréchoux.
L'abeille "immigrée" réagira comme cela a été programmé dans ses gènes, et essayera de s'adapter au mieux à son nouvel environnement. Bien sur, la première année sera bonne car la reine est jeune et prolifique. Les années suivantes seront bien différentes avec des métissages en tout genre qui peuvent se révéler catastrophiques.
Celà va donc obliger l'apiculteur à changer systématiquement ses reines chaque année.
De par ces metissages, la musique devient alors différente. Je vous laisse deviner un mélange de sirtaki, bourrée et sardane ...... mais peut-être certains y trouveront du charme...
et que de tous ces croisements sortira une reine extraordinaire
dont la progéniture sera douce laborieuse, peu essaimeuse économe résistante au varroa etc etc.
Je n'y crois pas trop... et je pense que ce pourrait etre si on continue à faire n'importe quoi
"Le masssacre du printemps"
D'autres ont compris la problèmatique.
Vous pouvez consulter la Lettre d'information d'Apiroutes ou l'on voit que les apiculteurs slovenes défendent leur abeille caniolienne et sont conscients qu'elle est très bien adaptée à leur environnement.
Ils veulent en tout cas, préserver leur cheptel de toute pollution génétique.
R Fourmaux