Le Frelon asiatique. Prédateur des abeilles et autres pollinisateurs
Jusqu’à présent nous avons répertorié 22 sortes de frelons dans la nature et le commun des mortels pensait que le « Vespa crabro » ou frelon Européen, classe des insectes de l’ordre des hyménoptères de la famille des vespidés, ressemblant à notre guêpe « vespa vulgaris » mais dont la taille atteint 3,5 cm ; était sans aucun doute, le plus redoutable prédateur des abeilles.
Vespa crabro et vespa orientalis ont été décrits en 1758 et 1771 par Carl Linnaeus né le 23
mai 1707 à Rashult (Suède) botaniste, zoologiste et médecin notamment du Roi qui l’anoblira en 1761 et qui deviendra Carl Von Linné.
En 1836 Amédée Louis Michel Lepeletier Comte de Saint Fargeau (Yonne), entomologiste né le 9 octobre 1770 à Paris et mort le 23 août 1845 à Saint Germain en Laye (Seine et Oise), décrit vespa velutina à partir de prélèvements de spécimens effectués sur l’Ile de Java (Indonésie).
Vespa velutina originaire de chine, d’Inde, des montagnes d’Indonésie et de l’Ile de Java est arrivé accidentellement sur le sol français en 2004. La ou les fondatrices auraient été importées dans des poteries chinoises livrées à un horticulteur du département du Lot et Garonne.
Ce frelon est le seul vespidé à posséder une robe aussi foncée d’un brun velouté. Les adultes sont brun noir, ont des pattes brunes et jaunes à leur extrémité. C’est ce qui les fait parfois désigner « frelons à pattes jaunes ». Dans le nid on relève trois castes de dimensions différentes. La reine dite « fondatrice » mesure entre 25 et 30 mm, les ouvrières 25 mm et les mâles 28 mm environs. Vespa crabro est beaucoup plus coloré avec des teintes rouge et jaune.
Toutefois ont a remarqué que les premières naissances de frelons asiatiques de l’année donnaient des individus plus petits.
Le nid de vespa velutina ne peut passer inaperçu étant donné que de forme sphérique il peut être de 80 centimètres de diamètre et de 100 centimètres de hauteur. Il est confectionné de papier mâché comme chez tous les vespidés, et peut se trouver à n’importe quel endroit (dans les greniers, les granges, accroché à du mobilier urbain, dans les arbres et souvent à plusieurs mètres de hauteur, etc.).
Ce nid est composé de 5 à 6 épaisseur de feuille de papier mâché, espacées par un vide de 5 à 10 millimètres environ. Son épaisseur est en moyenne de 45 millimètres. Il ne dispose que d’une seule entrée de 15 millimètres protégée par une sorte de auvent en papier mâché ; située à mi-hauteur du nid pour les colonies les plus âgées et en dessous pour les jeunes colonies. Ce genre de nid grossit de 4 à 6 centimètres par semaine. En fin d’année vers les mois d’octobre – novembre, le nid comprend 6 à 7 étages. Le diamètre des gâteaux que forment les étages est de 23 à 29 centimètres. On compte de 17.000 à 19.000 cellules (ou alvéoles) par nid.
Un nid abrite en moyenne 2.000 frelons dont 150 fondatrices en puissance qui peuvent nidifier lorsqu’elles sont fécondées. Les femelles sexuées (reproductrices) sont fécondées par les mâles en vol puis au sol, contrairement à l’abeille, qui elle est fécondée par plusieurs mâles uniquement dans les airs (15 ou 20 mètres du sol)
A la fin de l’automne les mâles et les ouvrières meurent et les reines (fondatrices) vont nicher seules dans des cavités (murs, tas de pierres, entre l’écorce des arbres, etc.). Le nid abandonné n’est jamais réoccupé. Chaque fondatrice refait un nid qui va s’élargir au fur et à mesure des naissances.
Le cycle biologique de vespa velutina est le suivant :
- février : sortie d’hibernation des fondatrices ;
- mars - avril : création d’un nid embryon
- mai : développement des premières ouvrières.
- octobre à novembre : Emergence des générations sexuées.
- décembre : mort de la colonie et hibernation de femelles fécondées = fondatrices de l’année suivante.
La durée de vie du frelon asiatique serait de 30 jours en période estivale et de 55 jours lorsque le printemps est chaud. Une fondatrice a une espérance de vie d’un an contrairement à l’abeille chez qui la reine peut vivre jusqu’à 5 ans.
Ce qui inquiète ce n’est pas que ce frelon soit agressif envers l’homme. A 4 ou 5 mètres de son nid, il ne vient pas agresser. De toute manière, sa piqûre ne serait semble-t-il pas plus grave que celle du frelon crabro. Seul le nombre de piqûres et l’allergie au venin possible du sujet, compte.
Certains auteurs avancent que pour équivaloir une piqûre de crabro (qui peut se révéler dangereuse pour la victime), il faut 35 piqûres de guêpes ou 125 piqûres d’abeilles.
Le régime alimentaire du frelon c’est 80% des abeilles en zone urbaine et de 50% en zone rurale. Ensuite l’alimentation se compose de papillons, de libellules, de mouches, d’araignées et chenilles puis en fin de saison, de fruits mûrs.
Trois à cinq frelons asiatiques devant une ruche, et la production apicole est perturbée. Au-delà de cinq frelons devant la ruche et c’est l’arrêt de toute activité. C’est ainsi que la désintégration des ruches a lieu en plusieurs étapes.
Quand il réussit à pénétrer dans la ruche, le frelon se livre au pillage. Il commence par les larves puis s’en prend ensuite au miel. Ce qui a pour conséquence l’arrêt de la ponte de la reine, donc d’une diminution d’ouvrières puis leur vieillissement, et un manque de nourriture conduisant à une mortalité prématurée.
Il faut 15 à 20 abeilles pour combattre un frelon et le combat est de trois à cinq minutes pour vaincre.
A part les pics verts, les geais qui pillent les nids désertés en hiver et les mésanges qui viennent manger les dernières larves, on ne connaît pas de prédateurs à ce frelon.
La filière apicole tente depuis 2008 une campagne de piégeage des fondatrices et savent que les reines sont vulnérables de février à juin. Mais quelle est la solution qu’ils vont devoir adopter et poursuivre ? Arriveront-ils à se débarrasser de ce fléau qui vient s’ajouter à tous les autres ?
Présentement, il est conseillé aux apiculteurs de tenter des actions de protection de leurs ruches, en réduisant les entrées à 5,5 millimètres ; de maintenir les herbes hautes devant les entrées de ruches ; d’éviter d’exposer les cadres à lécher après leur extraction ; etc.
De plus, le piégeage de ce redoutable frelon, devrait être effectué non pas par quelques apiculteurs isolés, mais par l’ensemble des apiculteurs répartis sur le territoire national et à une période donnée.
Mais pour le moment on ne sait pas vraiment comment s’y prendre pour détruire les fondatrices et le frelon prolifère à grande vitesse. Certains parlent d’injecter par l’entrée des nids, à l’aide d’une longue perche munie d’un tuyau au bout duquel on a disposé une seringue par laquelle on injecte du SO² (anhydride sulfureux ou dioxyde de soufre). Ensuite on accroche plusieurs pièges composés d’une bouteille plastique (d’eau) laquelle a été coupée au trois quart afin de pouvoir retourner le goulot (en entonnoir) pour permettre au frelon d’entrer pour s’abreuver de bière fortement sucrée ou vermouth etc. que l’on aura mis en fond et sur laquelle flotte un morceau de polystyrène de forme arrondie et d’un diamètre sensiblement égale à celui du récipient sur lequel on aura mis plusieurs frelons tombés sur la bâche que l’on aura déposée sur le sol avant de s’attaquer au nid .
Si le frelon ne rencontre pas de difficulté à s’introduire dans le piège, il est incapable d’en ressortir.
Seules les reines qui capturent les abeilles ont un nid. Celles qui ne sont pas fécondées volent au dessus des pièges. Pour capturer celles qui font du sur place devant les ruches, il suffit de s’armer d’un filet à papillon, d’une petite épuisette d’enfant, etc. Une fois capturés les frelons animeront les pièges que nous aurons confectionnés. Leur présence attirera d’autres frelons qui malgré eux se seront constitués prisonniers.
Le piégeage est à l’heure actuelle la seule solution, étant donné que l’emploi d’insecticides, représenterait un danger pour les oiseaux, les autres insectes, etc.
Mais le temps presse, et il serait souhaitable que les Pouvoirs Publics s’emparent de ce problème.
Pierre FRIAND
Responsable pédagogique
du Rucher école de l’abeille Héraultaise en Agde